Laver à grande eau

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Laver à grande eau

cultureza

Catareira

Leçon n°1 – laver à grande eau

J’ai toujours vu les femmes brésiliennes laver à grande eau… Comment patauger dans une telle quantité d’eau pour arroser le trottoir, inonder le carrelage, tordre le linge, rincer les casseroles, se laver trois fois par jour, et transformer la pelouse en marécage au point d’en brûler l’herbe sous un soleil de plomb.

L’héritage de Portugais « propres à en être maniaques » ainsi que celui des premiers habitants, indigènes et portés sur le bain était invoqué. Cette propreté nationale jointe à un usage immodéré de la savonnette et des produits détergents – le Brésil est le premier consommateur mondial de shampoings – est source de consternation pour ceux qui pensent que saleté et misère vont de pair.

Aujourd’hui que les Etats de São Paulo, Rio, Minas Geraes, Espirito Santos sont confrontés à une crise de l’eau sans précédents, on somme les Brésiliens de revisiter leur culture nationale et de corriger leur consommation avec des éco-gestes : uriner sous la douche et récupérer le goutte-à-goutte des climatisations pour arroser les plantes.

Un choc pour une population qui a toujours vécu dans le mythe de « l’eau inépuisable ». Car le Brésil est assis sur la plus grande réserve d’eau douce de la planète (12%). Il a le plus grand fleuve au monde (63% du Rio Amazonas), les deux plus importants aquifères– Guarani et Alter do Chao.

Malgré cela, la plus riche des cinq régions brésiliennes – 60% du PIB- située en plein aquifère guarani en est réduite à économiser l’eau de façon drastique. A São Paulo le rationnement a commencé en août 2014 avec des coupures ponctuelles pour alterner ensuite un jour sur deux, pour 2 millions de ses habitants. On redoute que 12 millions de « paulistas » vivent prochainement 5 jours sans eau et 2 jours avec.

Soixante-dix pour cent de l’électricité brésilienne provient par ailleurs des barrages sur les fleuves. Ce qui fait du Brésil, le pays le plus propre au monde après la Norvège. Mais aussi – en cas de crise hydrique – le plus vulnérable. De quoi accélérer la diversification des sources d’énergie, éolien en tête.

Actuellement, c’est le réservoir Cantareira qui approvisionne la région du grand São Paulo. Or jamais en 84 ans d’activité, son niveau n’a été aussi bas. Les sols très secs absorbent en effet une partie des pluies. En 2012 déjà, il y avait eu une crise de l’eau. Mais à l’époque, celle-ci n’affectait que la production d’électricité. Si bien que les centrales au charbon avaient repris du service.

« Personne ne peut dire que le changement climatique est responsable », prévient pourtant José Marengo. Chercheur à l’Académie Brésilienne de Sciences (ABC) et membre du GIEC (Groupe d’Expert pour le Changement Climatique). « C’est un problème de gaspillage et de gouvernance ». Le Sudeste a trois ans pour se mettre au diapason du Nordeste. Cette région déshéritée du Brésil a toujours manqué cruellement d’eau. Mais là-bas, c’est « naturellement » qu’on économise. Cultureza !


PROD

RTS RADIO SUISSE – 2014
Belo Monte - le barrage qui divise (2/5- Un omnibus pour le Xingu)
http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/vacarme/5881456-vacarme-du-10-06-2014.html#5881455

CANAL + - 2014
Cantona - Looking for Rio
http://vimeo.com/95956168?from=outro-embed

FRANCE 5 – 2014
Echappées Belles – sur l’Ile de Marajo
http://www.youtube.com/watch?v=XapUxA8rrKc

DOC

EN COURS 2014
Great Rio Sao Francisco – repérages
Uploader en bateau

ARTE – 2010 – auteur réalisateur
Une aventure nommée Brésil
http://www.youtube.com/watch?v=2PnsO5e7aRQ

ARTE 2012
Le Monde selon Brasilia
http://www.youtube.com/watch?v=MrEHoUbSe14